Attention scène gore...
Le titre de ce post est là pour prévenir les âmes sensibles, voir attiser la curiosité malsaine des adeptes de scènes violente, c'est à cause du dessin ci-dessous.
Souvenez-vous, je vous ai parlé dans mon post du 19 novembre dernier de ma copine Emilie* (*nom d'emprunt il va de soi) qui avait "tellement peur d'être stérile" et qui est tombée enceinte à C2, Emilie-je-me-noie-dans-un-verre-d'eau, ou Emilie-ma-vie-est-vraiment-terrible. Voilà, ça fait quelques mois qu'Emilie, une très bonne copine à l'origine, me tape sur les nerfs. Je suis bêtement entrain de faire la simple découverte classique de ceux qui traversent une épreuve (en même temps je n'ai pas un cancer en phase terminale hein on est d'accord) et qui brusquement mesurent la valeur de leurs amis. Je devrais dire les valeurs puisque bien-sûr ces derniers ne sont pas égaux, de loin s'en faut! Et j'ai l'énorme chance d'en compter au moins deux de formidable, c'est une chance que je sais saisir! Mais je m'égare, revenons-en à Emilie.
Emilie donc a été admise par mon cerveau, grâce à des critères qui le concerne (j'ai pas encore élucidé tous les codes de cet organe), comme l'une des très rares élues à avoir le droit de connaître mon histoire et mon combat dans les détails. Mais voilà bientôt une année qu'Emilie n'est plus venue aux nouvelles sur ce thème et ne m'a plus posé aucune question. Oui je sais c'est compliqué, oui elle ne sait sûrement pas comment m'en parler, mais les autres elles y arrivent bien, et je crois pas que je fais particulièrement peur. Pour preuve, mon gygy me trouve charmante, vous vous souvenez? Bref, ça sent la trahison à plein nez, ça sent le rajout du préfixe "pseudo" devant "vraie copine".
La suite de l'article va sûrement en choquer certaines, je prends le risque. Il y a 10 jours Emilie se fait renverser par une voiture sur un passage clouté. Ouais pas de bol, il fait pas bon être piéton dans certains coins. Elle vole, atterri sur le pare-brise, tout ça tout ça. La rotule d'Emilie en prend un sacré coup, elle se fait opérer le lendemain, elle retourne à la maison 3 jours plus tard. Ah j'oubliais, elle a aussi paraît-il un affreux hématome à la tête, mais à l'intérieur tout est ok dixit l'IRM. Bref, je suis un être humain normal, je m'inquiète beaucoup quand j'apprend la nouvelle, et 3 jours plus tard et quelques textos et vaines tentatives de la joindre sur son portable, je me souviens brusquement que dans l'adversité je n'ai jamais bénéficié de son soutien et que je suis entrain de me faire du mouron depuis 3-4 jours sans qu'à l'autre bout ça semble vraiment prendre mon inquiétude au sérieux. Et puis c'est pas pour dire mais c'est pas que je m'ennuie dans la vie en ce moment, ça fait un peu longtemps que je bosse comme une malade et que j'ai oublié de m'arrêter le week-end. Alors je démobilise mes neurones "mon Dieu j'espère qu'Emilie va bien" et je les remobilise sur mon job. Oui je vous vois venir, oui bien-sûr que c'est un choc de se faire renverser comme ça, oui bien-sûr que c'est traumatisant, oui je suis dure, mais bon faut pas déconner, elle s'est pas cassé les doigts non plus. Un texto est à la portée d'une personne dans un lit avec un plâtre à la jambe. Je crois même pas qu'elle ait de plâtre d'ailleurs.
Bref j'abrège parce que je sens que vous vous lassez... si si. Je n'ai toujours pas eu l'insigne honneur d'un coup de fil mais elle a adressé un mail groupé à quelques amis (dont je fais partie, vous voyez qu'elle ne m'oublie pas) ou elle raconte que cette expérience a changé sa vie et où elle nous enjoint à ne pas s'attarder sur les "petits tracas du quotidien" (merci ma biche, mais qu'est-ce que je fais des gros tracas?), et où elle explique que sa "vie de famille" l'aide beaucoup à remonter la pente (ah bon parce que quand on a des enfants ça nous aide à trouver la vie belle? J'aurais du y penser plus tôt!). Vous l'aurez compris, je ressens à chaque fois ces messages comme de véritables coups de poignards, j'aurais aimé qu'elle fasse le tri et qu'elle ne m'adresse pas à MOI (dont elle connaît la situation mais non la douleur visiblement) ce genre de message. Si elle me soutenait ce serait bien-sûr différent, vous l'aurez compris.
Oui vous vous dites que j'exagère, que j'attribue un peu trop de poids à tout ça. Je suis entièrement d'accord avec vous. C'est ce qui va me pousser définitivement à me faire aider, à voir un psy quoi. Et à ce sujet, je vous remercie infiniment pour tout vos commentaires sur ce thème, ça m'aide beaucoup et je crois que ce serait vraiment bête de s'en priver, vous m'avez convaincue. J'ai peur de ce que ça va remuer, c'est tout.
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout, pardon pour ce dessin un peu violent, mais il illustre tellement bien ce que je ressens que de l'avoir fait m'a soulagée.