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Monsieur Bébé n'est pas pressé
28 novembre 2014

le 25 novembre à 16h20...

Je ne peux pas vous donner son poids et sa taille, juste vous dire qu'elle était toute petite (quand même un peu plus que les 7cm évoqués dans mon avant-dernier billet!).

J'ai vécu ces deux jours à l'hopital comme dans une autre dimension.

Je suis entrée le lundi soir, dans une petite chambre avec un lit et une lumière blafarde, et on m'a dit "ôtez vos habits et enfilez cette blouse". Là je me suis un peu effondrée, devant la réalité de ce qui m'attendait. On m'a posé une heure après une péridurale, puis mon homme est arrivé et m'a trouvée toute branchée de partout.

La péridurale n'a pris que d'un côté, donc modification des dosages puis tentative de trouver un anesthésiste pour poser une autre péridurale. A une heure du matin l'anesthésiste de nuit est toujours occupé à des cas plus urgents que le mien, et je ne lui en veux pas. Finallement un gynécologue, un joli médecin aux yeux bleux comme descendu du ciel, débarque avec sa voix douce et sa gentillesse (c'est fou comme sur un lit d'hopital on épouserait le premier venu…), et propose de me poser les laminaires malgré l'anesthésie incomplète. Vous ne savez pas ce que c'est des laminaires? Vous sortez le dimanche? Ce sont des algues (!) qu'on place dans le col de l'utérus et qui gonflent sous l'effet de l'humidité, dilatant ainsi mécaniquement le col. Vous vous endormirez moins bêtes… La pose est presque indolore. Je renouvelle ma demande en mariage. Ouf je respire, les opérations ne sont décalées "que" de 8 heures.

Le lendemain matin, pose d'une nouvelle péridurale avec un nouvel anesthésiste tout frais et une vértèbre plus haut. Pour un résultat identique, un seul côté anesthésié. Toutes les personnes à qui j'ai affaire sont adorables, leur seule peur est que je souffre. Je trouve ça louable mais je ne suis pas très douillette, et il est hors de question de repousser les évènements. En début d'après-midi donc on m'ôte les laminaires et j'avale mon premier comprimé de Cyclotec. Ce sera le seul.

L'anesthésie n'a pas pris sur le côté droit, et une heure après je sens les contractions qui reviennent toutes les 5 minutes. La vérité c'est que je suis heureuse de les sentir et de ne pas vivre cet accouchement complètement dans le coton, ça ancre les choses dans la réalité. La sage-femme qui me suis depuis ce matin est juste formidable, je suis dépitée à l'idée que son service se termine à 16h, mais c'est comme ça. Et le miracle se produit: à 15h55 je l'appelle parce qu'il n'y a plus de pauses entre les contractions et que ça devient difficile à gérer. Elle met une dose de morphine dans mon cathétère. Je lui dit "vous allez rentrer à la maison hein?". Et là elle me répond "Ah non maintenant je reste avec vous". Et j'ai envie de pleurer de soulagement de la savoir avec moi. La morphine agit instantanément, je n'ai plus aucune douleur. Je sens qu'il se passe quelque chose. Elle m'examine, puis me dit de pousser. C'est fait, ce tout petit bébé est là. Elle l'emporte. Nous avons discuté avant, je lui ai dit que je souhaitais voir le bébé, même si j'avais encore des doutes et une certaine apréhension. Quelques minutes avant sa naissance, je n'ai plus de doute, bien-sûr que j'ai un peu peur mais je sais que j'ai besoin de la voir. Mon homme va faire un tour. La sage-femme revient, elle me prépare à voir le bébé, me dit à quoi elle ressemble. Puis va la chercher. Nous passons un moment toutes les trois, j'ai l'impression qu'elle est aussi émue que moi. C'est un moment bizarre. C'est très serein, je n'ai pas du tout envie de pleurer. Je contemple ce tout petit corps, on entrouvre son minuscule sac de couchage pour que je puisse voir ses mains. La sage-femme fait quelques photos avec mon téléphone à ma demande. Puis je reste un moment seule avec ma fille. Je lui parle, je ne sais plus ce que je lui a dit, mais je sais qu'il fallait que je le lui dise. L'émotion est là, mais dans une certaine forme de calme.

Et puis je bascule de l'autre côté du miroir, je suis "après".

La vérité c'est que je me sens bien. J'avais un trac énorme avant, j'avais peur de prendre les mauvaises décisions. Et puis je mesure la chance que j'ai eu à croiser le chemin de cette infirmière, qui était là pour moi ce jour là justement. Et je trouve ça incroyable. Si cette péridurale avait fonctionné correctement, je n'aurais pas perçu ces contractions très rapprochées, et à 16h elle serait rentrée chez elle, me laissant avec une inconnue juste au moment où j'avais besoin d'une amie…

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Commentaires
L
J'ai lu votre billet avec beaucoup d'attention. Effectivement, je réalise que ce que je fais est important pour vous, Paranges. Je tricote pour les bébés nés sans vie des nids d'ange de 10cm à 45cm. <br /> <br /> <br /> <br /> Je vous remercie pour votre message.
S
Toutes mes pensées pour ta petite fille... Merci au personnel soignant qui bien souvent nous aide dans des moments très difficiles... Des bises<br /> <br /> <br /> <br /> Silvia
B
C'est une triste journée que ce 25 novembre, mais vous la racontez avec calme et c'est très beau. Je vous souhaite du courage pour la suite, et suis heureuse que le personnel soignant soit - parfois, souvent, quand il le faut - bienveillant.
J
Oui les mains bienveillantes comme tu dis ont un pouvoir extraordinaire!!!! Et je suis maman, je ne l'oublie pas. C'est un cicatrisant merveilleux!
F
pardon de pleurer.... <br /> <br /> te dire que je pense fort à toi...<br /> <br /> oui sur ces chemins de douleurs, certaines mains bienveillantes viennent apaiser une cruauté insoutenable... je suis heureuse de savoir que cette main ait veillé sur toi dans ces moments là.<br /> <br /> je t'embrasse
Monsieur Bébé n'est pas pressé
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